Une architecture située, sobre, ouverte

Nous concevons les mutations des lieux et des milieux dans une grande attention à ce qui coexiste avec le projet. 

La valeur de ce qui nous précède, et la spécificité des situations nourrit notre regard de multiples dimensions : sociales, techniques, environnementales. Notre pratique s'incarne plus particulièrement dans des commandes publiques, auprès de maîtres d'ouvrage et d'organismes institutionnels engagés dans l'équilibre socio-spatial des territoires : équipements communaux, habitats partagés, logements sociaux, études de mutation urbaine. Nous œuvrons également pour des groupes d'habitants ou des commandes privées poursuivant le même désir d'une architecture située.  

    équipements communaux: climats communs

    Nous travaillons les commandes d'équipements dans une sensibilité bioclimatique, en mettant en relation les espaces avec le contexte dans lequel ils prennent place : voisinages, climats, paysages. La maîtrise économique qui accompagne nos projets invite à une rigueur frugale des gestes de conception. L'emboîtement juste d'échelles et d'ambiances conditionne le partage social de l'espace, jusque dans la rue, le quartier, les sols et les milieux où le projet se fait. Les qualités d'usages émergent d'une lecture des potentialités qu'offrent les programmes, avec le plus possible d'itération avec les différentes communautés d'utilisateurs. D'un projet à l'autre, notre vocabulaire spatial s'étoffe parce que les usagers expérimentent avec nous des variables d'occupation. Dans nos programmes scolaires, l'ambiance des seuils, sas ou circulations se décline en de multiples manières pour répondre à cette équation toujours tenue : comment faire simple, mais généreux, confortable, adaptable. Sans préconçu, car chaque situation appelle une réponse ajustée.
    Au travers de ces équipements, nous observons que le commun est rarement programmé au départ : il émerge des pratiques que nous saisissons et auxquelles nous donnons des lieux, parfois en laissant du vide, des espacements, des entre-deux.

    Débords, halles, préaux, jardins d'hiver, larges coursives, sont quelques-unes des figures spatiales de cette architecture ouverte aux communs. 

      architecture du logement : Imaginaires d’habiter

      L'attention aux usages est notre première matière architecturale. Tenir compte du quotidien comme du temps long, des mutations, et de ce qui n'est pas programmé de façon normative par le présent, font partie de nos exigences de conception, avec l'idée d'augmenter les possibilités d'usages, en neuf comme en réhabilitation. Intégrer l'attente, l'évolutivité des imaginaires de l'habiter, leur capacité à se déployer de façon plurielle. Cela met en balance l'univers normatif des standards, très vif dans les commandes de logements collectifs. Les évolutions des besoins que nous observons, et la rigueur économique de ces programmes, invitent à un grand soin de conception des seuils de l'intimité, et aux générosités simples dans le plan.

      Plan libre, traversant, second œuvre dissocié des structures, orientations multiples, espacements, grands seuils et larges ouvertures, relation directe au paysage, qualité des espaces de renvois, se déploient dans nos architectures pour former et mettre en jeu l'espace habité.

      Matérialités, ressources : une architecture de l’expérience.

      L'écologie en pratique fonde notre démarche constructive et matérielle. Cela nous porte vers une architecture de l'expérience, où la qualité des matières prend sa valeur dans ses liens à l'air, à l'eau, aux climats et aux corps. Le champs technique des ambiances — traduit par les notions de confort hygrométrique, thermique, acoustique — implique ce partage du sensible entre ce que le corps reçoit et ce que l'architecture offre comme potentialités. 
      Le corollaire est l'accompagnement actif de filières bio et géo-sourcées. Cet engagement nourrit notre conscience des ressources et des nouveaux savoirs-faire. Les rencontres plurielles avec celles et ceux qui fabriquent déploient notre pratique collective de l'architecture. Ces mises en œuvre partagées montrent qu'un matériau ne se substitue pas à un autre sans que ne soit profondément modifiée toute la chaîne du faire : des désirs, des normes, des connaissances, des engagements. Les intérêts à l'acte de construire, parfois divergents, se discutent. D'autres valeurs émergent, la technique mute. Ces mouvements, même modestes, s'additionnent à tous ceux d'autres acteurs qui cherchent dans l'alternative des réponses pour habiter mieux.  

      Des urbanités en transition

      Nous accompagnons les collectivités ou les communes dans la mutation urbaine de quartiers d'habitats sociaux et de centres bourgs ruraux. La vulnérabilité comme la valeur de ces territoires, face aux enjeux de transitions, révèlent des problématiques communes : vécu et mémoire des habitants, état des lieux de l'organisation urbaine, foncière et bâtie, capacité à muter ou à se densifier, mesure de la qualité du sol et du paysage en partage, volonté de changement et économie de projet. Le regard que nous portons sur l'existant se veut précis et multiscalaire. Au-delà du diagnostic technique, nous nous saisissons des contextes dans leur complexité, de la compréhension du bâti à la mesure des impacts environnementaux. Pour ne jamais travailler seuls l'urbain, nous formons des équipes transdisciplinaires : paysage, sociologie, économie, programmation, ingénierie structure ou environnementale... Nous sommes formés aux méthodologies de la concertation et de la gouvernance partagée du projet.    

      Recherches en projet, partage des savoirs

      Nos pratiques prospectives relèvent d'un régime d'attention parallèle à celui de nos conceptions architecturales. Ce sont des enquêtes en situation de projet, menées au profit d'une approche expérimentale de la pratique. Il y a le désir d'autres imaginaires de conception, en partage transdisciplinaire, dans le repositionnement de valeurs et de normes. Finalement, mettre en débat ce à quoi nous tenons et comment construire se fait. Mais aussi, engager avec d'autres des changements dans les modes de faire, et traduire la connaissance que cela produit en architecture. Cela répond du besoin d'engager nos pratiques dans des dynamiques écologiques, en défaisant un peu les cercles dans lesquels la relation à la commande est habituellement menée par une agence. Cercles des socialités, cercles de production des matérialités, notamment. Les moyens qui sont déployés par ces recherches-création sont l'essai et l'expérimentation ; la transmission et le partage des savoirs ; l'expérience de la pensée. C'est une recherche de terrain ou disons hors les murs de l'agence, qui se joue pour partie sur les chantiers, auprès de laboratoires ou en école d'architecture. Cela n'est pas très éloigné des méthodes Freinet, qui font de l'environnement concret un lieu de pratique collective d'où émergent des connaissances. Nos démarches prospectives mobilisent des partenariats qui leur sont propres, dissociables des financements des projets.